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27200 Vernon : Sources

270002 Histoire et géographie du département de l'Eure ( Pages 263 à 267 )
Vernon.

6 881 habitants, chef-lieu de canton sur la Seine.

Le rôle brillant que cette ville a joué dans tous les temps, lui assigne une première place dans les fastes militaires de la Normandie.

Ce lieu apparaît hérissé de fortifications, dès le XIe siècle ; Il fut compris avec Brionne, dans une donation que fit Guillaume le Bâtard à Gui de Bourgogne, en 1045. Ce seigneur, qui croyait avoir des droits par sa mère, au duché de Normandie, se révolta contre Guillaume et se maintint à Vernon jusqu'en 1050.

Guillaume, vainqueur de son rival, donna cette place à Richard de Vernon, l'un de ses fidèles chevaliers. Richard suivit son suzerain en Angleterre, et forma la souche d'une illustre famille anglaise qui n'est pas encore éteinte.

Prise par les Français, en 1086, cette place retomba bientôt au pouvoir des Anglais qui la fortifièrent et construisirent la tour du château.

Louis VII l'assiégea en 1153, et ne put s'en emparer que l'année suivante ; il la céda ensuite au roi d'Angleterre moyennant une somme d'argent.

De 1190 à 1195, cette place tomba deux fois aux mains de Philippe, qui, l'ayant réunie au domaine de la couronne, s'y réfugia, en 1198, après avoir été battu à Gamaches, par le roi d'Angleterre.

Pendant les guerres de Cent ans, cette ville éprouva les plus cruels revers. Brûlée par Édouard III, en 1346, pillée par le duc de Lancastre, en 1356, reprise par les Français et bientôt après par les Anglais, en 1419, elle fut assiégée par les Français, une dernière fois, en 1449, et, malgré l'importance de ses fortifications, Dunois l'emporta d'assaut.

Les guerres religieuses du XVIe siècle troublèrent un instant la tranquillité dont cette ville jouissait depuis plus d'un siècle ; elle embrassa le parti de la Ligue, mais après le gain de la bataille d'Ivry, elle se soumit à Henri IV.

En 1793, les confédérés de Normandie tentèrent de s'emparer de Vernon, mais l'armée conventionnelle les atteignit à Bécourt, le 14 juillet, et les mit en déroute1.

Quelque temps avant, de troubles graves avaient eu lieu dans cette ville, à l'occasion de la cherté des subsistances2.

Vernon dépendait, avant 89, du parlement et de l'intendance de Rouen ; il était le chef-lieu d'une élection et le siége de l'un des quatre bailliages du ressort de Gisors ; il avait titre de vicomté et possédait une justice royale et un grenier à sel.

Le domaine de Vernon a eu des seigneurs particuliers jusque sous le règne de Philippe-Auguste. Le dernier d'entre eux, Richard, céda cette seigneurie au roi, qui la réunit au domaine royal.

Sous saint Louis. Elle appartint à la reine Blanche, et sous Charles V, à la mère de ce prince. Puis ce domaine, ayant fait retour à la couronne, il en fut distrait par François Ier, en faveur de Renée de France, duchesse de Ferrare, qui le transmit à Renée, duchesse d'Ast. Cette dernière, s'étant mariée, il passa, par son mariage, dans la maison de Savoie-Nemours, d'où il fut retiré par Louis XIV, qui en forma l'apanage de son petit-fils, le duc de Berry. Après la mort de ce prince, le domaine fut réuni de nouveau à la couronne.

Il y avait, à Vernon, plusieurs établissements religieux : un couvent d'hospitalières, dirigeant l'hôtel-Dieu, fondé par Saint Louis, en 1260 ; des maisons de cordeliers, de picpus, de bénédictines, des filles de Notre-Dame ; un collége, fondé par Henri IV, et rebâti, en 1773, par le duc de Penthièvre ; un prieuré de Saint-Augustin, etc.

La ville était divisée en deux paroisses, la collégiale de Notre-Dame, composée de douze chanoines et de douze vicaires, et la paroisse Sainte-Geneviève.

Les anciennes fortifications de la ville n'ont pas entièrement disparu ; il reste quelques murailles, l'une des six portes, donnant sur la Seine, des souterrains et la tour du château, connue sous le nom de tour des Archives, et dont la construction remonte à Henri Ier, roi d'Angleterre.

On remarque encore Vernon :

1° L'église Notre-Dame, classée parmi les monuments historiques de la Normandie. Ce joli édifice, qui présente l'intérieur et l'extérieur un aspect architectural imposant, appartient à différentes époques. Sa première construction paraît remonter au Xe siècle, le chœur est du XIIe, la nef du XIVe et les chapelles du XVe. On y trouve le tombeau en marbre blanc de Marie Maignat, femme d'un président de la Cour des aides, une chaire gothique artistement sculptée, des tapisseries des Gobelins et des boiseries d'un beau travail.

2° La chapelle de l'hôtel-Dieu du XII• siècle, richement décorée.

3° Le château à tourelles de Vernonnet, occupé par les magnifiques tanneries de M. Ogereau.

4° L'ancien collége, des couvents, l'église moderne de Vernonnet, remplie de pièces curieuses, et les restes d'une église remontant au XIe siècle3.

5° Le Camp de César situé sur le coteau escarpé qui domine Vernonnet. Ce camp, qui a pu être formé par les Romains, a servi, selon toute probabilité, de station aux Normands qui, de ce lieu élevé, pouvaient surveiller toute la vallée.

Cette ville possède deux écoles publiques de garçons, plusieurs écoles libres et pensionnat, un établissement secondaire, un hospice, une compagnie de sapeur-pompiers, une Société de secours mutuels, une caisse d'épargne, un hôtel de ville, un télégraphe, des institutions de charité, un parc de construction des équipages militaires, avec de vastes et magnifiques ateliers, une caserne du train, et des magasins renfermant le matériel roulant d'une armée en campagne, plusieurs établissements industriels fort importants, deux gares de chemin de fer, etc., etc.

Vernon, situé à deux heures de Paris, dont il semble être un faubourg, occupe, sur la rive gauche de la Seine, une position ravissante.

L'ensemble du paysage est rempli de charme, de poésie et d'attrait pour le touriste. Tous les riches dons de la nature, toutes les élégances lui ont été prodigués : un fleuve majestueux coule ses eaux tranquilles au sein d'une belle vallée, des collines alpestres s'étagent sur les deux rives, une forêt, un beau parc servent de promenades aux habitants pendant l'été.

Aux alentours, de riantes villas, à moitié cachées sous le feuillage et les fleurs, se peuplent chaque année, au printemps, de Parisiens avides d'ombre et de fraîcheur.

On entre dans la ville, on aperçoit des rues belles et bien percées, venant aboutir sur une large voie bordée de maisons de maîtres et de jolis magasins.

Cette voie magistrale, due, ainsi que la plupart des embellissements de Vernon, à l'administration dévouée et intelligente de M. le duc d'Aibuféra, maire, coupe la ville au centre, et se termine, avant d'arriver au magnifique pont qui traverse la Seine, par deux constructions d'une originalité saisissante et édifiées, d'ailleurs, avec un goût architectural remarquable.

D'un autre côté, on a su tirer un excellent parti des boulevards qui enceignent la ville ; ils forment, aujourd'hui, de délicieuses avenues de tilleuls, dont l'une d'elles, traversant le cours ou place publique, aboutit, par ses deux extrémités, à la Seine et à la forêt de Vemon.

Bizy. - Le chateau de Bizy, récemment reconstruit avec un grand luxe, sur le modèle des châteaux anglais, est situé à un kilomètre de Vernon, sur le penchant d'un coteau, d'où la vue embrasse le bassin de la Seine.

Le domaine de Bizy, autrefois marquisat, a appartenu successivement au maréchal de Belle-Isle, qui édifia l'ancien château, au comte d'Eu et au duc de Penthièvre. Pendant la Révolution, le château fut détruit, et un général, après avoir acheté la propriété où il résida longtemps, la céda à Louis-Philippe, qui eut l'intention de bâtir un second château digne de l'ancien. Les événements de 1848 ne lui permirent pas de mener son projet à exécution. Le propriétaire actuel est M. Schikler, beau-frère de M. le duc d'Albuféra.

Vernon a de très-bons marchés et des foires excellentes. Sa grande foire annuelle, qui dure plusieurs jours, a lieu le 8 septembre.