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27830 Neaufles-Saint-Martin : Sources

270001 Gisors et son canton ( Eure ) Statistiques. Histoire ( Pages 259 à 265 )
Neaufles-Saint-Martin

C'est un des plus anciens villages des environs de Gisors ; les uns tirent son nom de nès ( Kimric ), près, proche, et de af, courant d'eau, ruisseau ; Nesaf, village près d'un ruisseau. Nesaf s'est converti en Neafle ou Neaffle, puis en Neaufles ; d'autres le font dériver de Novum Elephantiacum, nouvelle léproserie, qui par abréviation et corruption serait devenu Nealpha et Neauphe. Enfin il en est aussi qui trouvent l'origine du mot Neaufles, dans Nova villa, nouvelle ville.

Ce lieu a été appelé Nelfa dans une charte de 855, Nealfa dans une charte de Gosselin Crespin, Nealpha dans une autre de 1195, sur la paix d'Issoudun, entre Philippe-Auguste et Richard Cœur de Lion ; Nealphe et Nephle dans le pouillé d'Eudes Rigaud.

Neaufles, suivant Ducange, aurait fait partie des métairies des rois des deux premières races. Adrien de Valois prétend que, du temps de Charlemagne, l'abbé de Saint-Germain des Prés, de Paris, chargé de faire le dénombrement des propriétés de son couvent et le cens que chacune d'elles devait payer, y comprit Neaufles sous le nom de Nidalfa en expliquant que ce lieu avait été donné à Saint-Germain, pour subvenir aux frais du luminaire de l'église du couvent1.

Dans tous les cas il paraît que c'était une seigneurie importante, alors que Gisors n'était encore qu'un village.

Au mois de septembre 856, Charles le Chauve, voulant surveille les mouvements des Normands et aviser aux moyens de s'opposer à leurs envahissements, convoqua les évêques et ses hommes d'armes à Neaufles, et malgré les capitulaires qui furent rédigés dans cette réunion, les hommes du Nord n'en continuèrent pas moins le cours de leurs succès, jusqu'à la fin de cette même année, ils brûlèrent toutes les églises de Paris, à l'exception de Saint-Germain, de Saint-Etienne et de l'abbaye de Saint-Denis que l'on fut obligé de racheter à prix d'argent ; c'est dans un des capitulires datés de Neaufles, que le roi fit défense à ses barons de se fortifier dans leurs châteaux.

La terre de Neaufles appartenait aux archevêques de Rouen qui y avaient un palais. En 859, Hincmare, archevêque de Rheims écrivait au roi qui l'avait consulté sur certains canons de l'Eglise : « Vous pouvez vous rappeler facilement qu'il y a trois ans, vous ne us aviez remis ces mêmes canons, dans un village, appartenant à l'archevêque de Rouen, appelé Neaufles, quand nous y étions réunis pour repousser les incursions des Normands. »

De 872 à 876, Reculphe, trente-septième archevêque, obtint de Charles le Chauve une charte qui maintenait la cathédrale de Rouen dans la possession d'une métairie, située à Neaufles, dans le Vexin.

Un sieur Raoul de Bodry ( Boury ) usurpa les terres de Gisors, de Neaufles, vers 1040, à la faveur des troubles qui signalèrent les premières années du règne de Guillaume le Bâtard. La famille de Boury en resta en possession jusqu'en 1105, époque à laquelle Raoul et Walbert de Boury, voulùant faire décharger leur famille de l'excommunication qui avait été lancée contre elle, restituèrent à l'archevêque les terres usurpées par leur aïeul ; on voit figurer comme témoins dans l'acte qui constate cette restitution, Payen de Neaufles et un Payen de Courcelles.

Neaufles était un des points les plus importants de la frontière normande; aussi Robert de Belesme fut-il chargé, en 1097, par Guillaume le Roux, d'y élever une forteresse pour compléter avec Gisors, Dangu et Château-sur-Epte, la ligne de défense de la rive droite de cette rivière. La réunion des deux seigneuries de Neaufles et de Gisors eut lieu vers la même époque.

Le territoire était de temps immémorial en franc bourg et franc alleu, c'est-à-dire qu'il était exempt de toute sujétion et redevance, excepté de la foi et hommage envers le roi.

Le château de Neaufles a joué un grand rôle dans les guerres du moyen âge ; il suivit toujours le sort de celui de Gisors et fut tour à tour pris et repris par Louis le Jeune, Henri Il, Philippe-Auguste et Richard Cœur de Lion.

Dans une charte de 1193, on trouve le passage suivant : « Gitbertus de Vasqueil habuit in custodia castella de Gisortio et Neetfo et tradidit regi Franciœ, Philippo Augusto, illique adhœsit. »

Dans une autre, du 5 décembre 1195, donnée par Richard Cœur de Lion, intitulée Charta de pace inter Philippum et Richardum, on lit : « Eidem Philippo et hœredibus suis, jure hereditario, i nperpetuum dimittimus et quittamus Gisortium et Nealpham et Vulcasinum normanum. »

Jean de Gisors, dans un aveu fait au roi, vers l'an 1200, déclare posséder Bézu, Bernouville, Mesnil-Guilbert, Saint-Eloi, Saint-Paër et Tierceville, relevant tous du fief de Neaufles, pour lesquels il devait quatre chevaliers, pour la garde de Neaufles toute l'année et cent sous de rente.

Dans un compte des revenus du roi, pendant l'année 1200, on trouve une dépense de 140 livres et 50 sols payés à cinq chevaliers qui avaient servi à Neaufles, depuis le vendredi après la Pentecôte jusqu'au mardi après la fête de la Vierge de septembre.

Deux reines de France, du nom de Blanche, ont possédé Gisors, Neaufles et les bois de Dangu.

Blanche de Castille, mère de Saint Louis, fut dame de Gisors et de Neaufles, par le don que lui en fit Jean Sans Terre, son oncle, en faveur de son futur mariage avec Louis de France, fils de Philippe-Auguste. La donation fut faite au mois de mai de l'an 1200, au château du Goulet, et le mariage fut célébré à Port-Mort, par Elie, archevêque de Bordeaux.

Après la mort de Louis VIII, son mari, Blanche de Castille choisit Neaufles pour retraite.

Saint Louis et Eudes Rigaud, archevêque de Rouen, séjournèrent ensemble au château de Neaufles, au mois d'août 1259.

L'autre reine de France, qui habita Neaufles, est Blanche d'Évreux, seconde femme de Philippe VI de Valois, veuve à dix-huit ans. Cette princesse se retira au château de Neaufles, où elle vécut pendant près d'un demi-siècle, loin des intrigues de la cour, répandant ses bienfaits sur les habitants du pays, dont elle était adorée. Elle y mourut à l'âge de 66 ans, le 5 octobre 1398. Son aumônier avait fondé par son ordre, en 1378, un hospice qui existe encore.

Charles V, dit le Sage, divisa une partie de la seigneurie et la donna à la famille de Tancanille, qui l'annexa à la baronnie d'Étrépagny, dont elle était propriétaire ; on en trouve la preuve dans un aveu donné au roi, par le comte de Tancarville, le 15 janvier 1380.

Parmi les seigneurs qui possédèrent ensuite Neaufles, on compte Jacques d'Harcourt, seigneur de Montgommery ; François d'Orléans, premier du nom, comte de Dunois ; Louis d'Orléans Ier, marquis de Rothelin ; Louis d'Orléans II, duc de Longueville ; et enfin la famille de Rohan-Rochefort.

En 1697, Mazarin fit démanteler le donjon ; la partie qui est encore debout, quoique sapée par sa base, semble défier les ravages du temps. Le château qui était auprès avait été démoli bien auparavant. Le seigneur d'alors, Louis d'Orléans Ier, marquis de Rothelin, en fit construire un autre sur le bord de la Lévrière.

La tradition locale prétend que la tour de Neaufles communiquait par un long souterrain avec le château de Gisors, et qu'au milieu se trouve un trésor défendu par une énorme porte en fer2.

Le château, bâti par le marquis de Rothelin, appartient à M. le comte de Lagrange qui l'a converti en un très-beau haras, émule de celui de Dangu.

Neaufles était autrefois une paroisse du diocèse de l'archidiaconé du Vexin normand, du doyenné, du baillage, de la vicomté et de l'élection de Gisors ; les deux églises étaient sous le vocable de saint Martin et de saint Pierre ; du temps d'Eudes Rigaud, le seigneur du lieu présentait pour les deux cures au chanoine de la cathédrale, dont la prébende portait le nom de Neaufles, et ce chanoine présentait à l'archevêque ; à partir de 1380, le baron d'Étrépagny présentait aux deux cures.

Celle de Saint-Pierre fut supprimée le 31 août 1601 ; elle n'était déjà plus regardée que comme une annexe de l'église Saint-Martin ; elle est devenue hôpital.

Dans l'ancien hôpital bâti par l'aumônier de la veuve de Philippe de Valois, il y avait une chapelle de Saint-Jacques et de Saint-Christophe, dont le titre était éteint au commencement du dix-huitième siècle.

A l'extérieur de l'église Saint-Martin on peut lire l'inscription suivante :

Domus mea ; domus orationis ( Saint Matthieu, 25 ).

Abandonne les soings que tu as pour la terre, Quiconque veut entrer dedans ce sacré lieu. Hors d'ici le pécheur qui fait à Dieu la guerre, C'est le lieu d'oraison et la maison de Dieu.

Neaufles possédait également une léproserie sous le nom de Saint-Lazare ; un titre de 1489 constate son existence, mais on ignore à quelle époque elle a été détruite.

Entre Gisors et Neaufles se trouve une croix de pierre appelée la Croix Percée, qui est, dit-on, un souvenir du temps des croisades3.

Du temps de Blanche d'Évreux, il y avait une étude de notaire à Neaufles. Nous voyons, en effet, Jean Lefebvre, prêtre curé de la Bellière et chapelain de la veuve de Philippe de Valois, céder à cette princesse la dîme de Hardincourt, paroisse de Ferrières, suivant un contrat passé devant Lamarre, notaire à Neaufles, le 12 mai 1396.

Aujourd'hui, Neaufles est une commune du canton de Gisors, dépendant de l'évêché d'Évreux ; elle est limitée par Gisors, Courcelles, Dangu, Bernouville et Bézu-Saint-Éloi.

Le chef-lieu, qui se trouve à peu près au centre, est bâti sur le versant d'un coteau parsemé de bouquets de bois, et coupé par des haies qui entourent chaque propriété, ce qui lui donne un peu l'aspect d'un village de Vendée ; sa distance de Gisors est de 3 kilomètres.

Le territoire, d'une forme très-irrégulière, est coupée par la vallée de la Lévrière, qui se jette dans l'Epte, un peu au-dessous du village ; sa plus grande étendue est du nord-ouest au sud-est.

La commune possède une maison d'école de garçons dans laquelle se trouve la mairie ; une école de filles, gratuite, tenue dans les bâtiments de l'hôpital par une sœur de la Providence d'Évreux ; un bureau de bienfaisance, dont le revenu, formé de la dotation de l'ancien hôpital, s'élève annuellement à 2 100 francs. Cette somme est distribuée, chaque année, en pain, viande, bois, vêtements, soins, médicaments, etc., aux familles les plus pauvres du pays.

Les dépendances de la commune sont les Bouillons, les Bocquets, la grande Vallée, la petite Vallée, la Tuilerie, Inval et le château de Grainville. Il existait autrefois à Neaufles une verrerie qui a cessé de travailler au commencement de ce siècle, et, en outre, plusieurs moulins à tan et à farine qui ont été, les uns remplacés par la manufacture du tissage d'Inval et les autres entièrement détruits.

La population était, en 1806, de 881 habitants ; de 977 en 1841 ; elle n'est plus aujourd'hui que de 762 ; il y a donc sur 1806 une diminution de 13,50 pour 100, et comparativement au recensement de 1841, une différence de 22 pour 100.

Neaufles est une des communes du canton qui compte, proportionnellement aux groupes mariés, le moins grand nombre d'enfants ; on y compte une naissance naturelle sur 19,87 légitimes.

D'après l'état civil, la population se compose de :

Enfants et célibataires 36.36 p. 100 Mariés 55.25 - Veufs 8.39 - Total... 100 »

Sous le rapport de l'instruction, 38,71 pour 100 des habitants ne savent ni lire ni écrire ; 7,08 pour 100 savent seulement lire ; fin, 54,22 pour 100 savent lire et écrire ; 4 garçons et 3 filles, au 1er janvier 1867, ne recevaient aucune instruction.

Le territoire, d'après la matrice cadastrale, est de 905 hect. 97 a. 63 cent., composés de 630 hect. 66 a. 21 cent. de terres labourables ; 4 a. 70 cent. d'avenues ; 97 hect. 79 a. 33 cent. de prés ; 54 hect. 46 a. 66 cent. de bois ; 56 hect. 79 a. 95 cent. de pâtures ; 11 hect. 60 a. 63 cent. de jardins ; 7 hect. 11 a. 30 cent. de peupliers ; 2 a. 72 cent. de mares ; 64 a. 72 cent. d'oseraies ; 1 hect. 34 a. 54 cent. de friches ; 17 hect. 11 a. 45 cent. de sols, cours et jardins ; 28 hect. 35 a. 40 cent. de chemins, places, rivières, etc.

Neaufles est en communication avec Gisors, Dangu, Andelys, Vernon, etc., par le chemin d'intérêt commun n° 3, et avec Bézu, Saint-Denis, etc., par le chemin d'intérêt commun n° 59.

Cette commune est propriétaire de 30 hectares de marais communaux d'une valeur estimative de 66 000. francs, qui produisent à peine 600 francs, c'est-à-dire moins de 1 p. %.

270002 Histoire et géographie du département de l'Eure ( Pages 186 à 187 )
Neaufles-Saint-Martin.

762 habitants, écoles, céréales, grande ferme, moulins, tuileries.

Neaufles est très-ancien : au IXe siècle, c'était l'un des domaines des archevêques de Rouen. En 855, Charles le Chauve y réunit une assemblée qui rédigea plusieurs capitulaires.

Le château fort, dont il ne reste plus que les ruines du donjon, soutint plusieurs sièges dans les premiers temps de la monarchie capétienne. Philippe-Auguste s'en empara en 1193, et plus tard le domaine de Neaufles fut donné à la reine Blanche, veuve de Philippe de Valois, qui vint l'habiter et y mourut en 1398. L'hospice qui existe encore aujourd'hui a été fondé par l'aumônier de cette princesse, en 1378.