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27810 Marcilly-sur-Eure : Sources

270002 Histoire et géographie du département de l'Eure ( Pages 254 à 256 )
Marcilly-sur-Eure.

701 habitants, école, céréales, prairies, vignoble, moulin à eau sur l'Eure.

Le premier seigneur de Marcilly dont il soit fait mention, s'appelle Foulques ; il vivait au commencement du XIIe siècle, et son domaine relevait du sire d'Anet.

Ce seigneur fonda au Breuil, sur la rivière d'Eure, une abbaye de l'ordre de Saint-Benoit qui a eu 25 ou 26 abbés, et dont les revenus s'élevaient, en 1740, à 5 000 livres.

Guillaume, fils de Foulques, est connu par une curieuse légende que nous avons rapportée dans la partie historique de l'ouvrage, page 36. Après sa délivrance miraculeuse, il revint à Marcilly, et, fidèle au vœu qu'il avait fait, il construisit la chapelle de l'abbaye.

L'épitaphe de ce seigneur, conservée au Breuil jusqu'en 1792, était ainsi conçue :

« Cy gist M. G. de Marsilly, fondeur de ceste chapelle, fils de monseigneur Foulques, jadis seigneur de Marsilly, fondeur de ceste abbaye, qui trépassa l'an de grâce MCC. »

L'abbaye du Breuil est la tige de la célèbre abbaye de la Trappe. Elle a compté parmi ses abbés saint Thibault de Marly-Montmorency, ami de saint Louis, Michel Poncet de la Rivière, deuxième évêque d'Angers, qui s'est fait connaître comme orateur ; Il prononça l'oraison funèbre du Dauphin, fils de Louis XIV, et devint membre de l'Académie française. Le dernier abbé fut Denis de Péguilhan de Larboust, homme de cour, maître de l'oratoire du roi et conseiller d'État, décédé a Dreux, en 1804.

Cinq familles illustres ont possédé tour à tour le domaine de Marcilly.

En 1387, le dernier des Marcilly mourut, laissant son héritage à Marie d'Estouteville, descendante à la 4e génération d'un Foulques de Marcilly, et petite-fille de Charles VII et d'Agnès Sorel. La dame d'Estouteville, par un mariage, apporta cette seigneurie dans la famille d'Alègre, d'où elle passa, en 1580, par suite d'un autre mariage, dans celle de Georges du Fay, vicomte de Pont-Audemer.

En 1734, Louis-François Dyel, de la famille du précédent, gouverneur des Antilles frança,ises, hérita de la terre de Marcilly. Son fils, Jacques Dyel, fut qualifié du titre de marquis de Marcilly.

Ce Seigneur, mort sans héritier direct, laissa la seigneurie de Marcilly et autres lieux, à sa sœur Denise, qui épousa, vers 1778, Antoine du Bosc de Vitermont, baron de Garencières, dont le fils aîné, Antoine François du Bosc, marquis de Vitermont et dernier seigneur de Marcilly, est mort en 1826, brigadier des armées du roi.

L'église de Marcilly, restaurée en 1869, est l'une des plus belles du canton.

Le domaine du Breuil, vendu, en 1842, à M. le comte de Reiset, ministre plénipotentiaire de l'Empereur, membre du conseil général de l'Eure, est l'une des jolies résidences du département.

Au moment de l'acquisition, les ruines du cloître, celles de l'église et l'antique manoir abbatial, présentaient un aspect triste et délabré.

M. le comte de Reiset, malgré les difficultés d'une restauration qui exigeaient toutes les ressources savantes de l'archéologie, a sauvé ces belles ruines du désastre irréparable dont elles étalent menacées.

Aujourd'hui, le manoir abbatial, entouré de larges fossés et de parterres ravissants, se dessine harmonieusement au milieu d'un paysage coupé par les teintes foncées du parc, et par les pentes escarpées de la forêt de Dreux.

Un peu à droite du château, au centre des ruines de l'abbaye, apparaît, dans toute sa merveilleuse beauté, la nef de l'église abbatiale. Elle a été restaurée avec art, par M. le comte de Reiset, dont le sentiment artistique se traduit dans tous les travaux qu'il a fait exécuter en vue de la conservation de cette œuvre magistrale du XIIe siècle.

Cette chapelle, qui a été rendue au culte, est fort élégante à l'intérieur. Le reliquaire de saint Eutrope, profané pendant la Révolution, a été restauré par M. de Reiset, qui a obtenu une nouvelle relique de monseigneur Clément de Villecourt, évêque de la Rochelle et de Saintes, et actuellement cardinal romain.

Tous les ans, le 1er dimanche de mai, la fête de saint Eutrope attire au Breuil, un grand nombre de personnes de tous les points de la vallée.

Indépendamment des belles ruines de l'abbaye, le Breuil-Benoist a un autre attrait pour l'antiquaire et le touriste. Le château, décoré avec le meilleur goût, renferme un véritable musée où les œuvres d'art de tous les siècles ont été réunies avec beaucoup de soin par M. de Reiset.

Parmi toutes les richesses artistiques que la gracieuse obligeance du propriétaire nous a permis de visiter, nous avons remarqué notamment une précieuse collection de faenza de la meilleure époque, une suite de portraits historiques rapportés de Rome, de nombreux spécimens de vieux Rouen, de magnifiques peintures à l'huile, des meubles sculptés, des monnaies et des armes antiques, des bronzes, des marbres, des émaux et une bibliothèque renfermant des ouvrages rares et des manuscrits précieux1.