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27150 Mainneville : Sources

270001 Gisors et son canton ( Eure ) Statistiques. Histoire ( Pages 245 à 252 )
Mainneville

Mainneville était la principale des sept villes de Bleu, comme son nom semble l'indiquer. Magne ou Maigne, dont, par corruption, on a fait Manne ou Mainne, a voulu dire grande. Cependant, le père Duplessis le fait dériver de Media-Villa, parce que Mainneville est à moitié chemin de Gisors à la Feuillie, et à égale distance de Lyons et de Gisors. Les pouillés d'Eudes Rigaud et de Raoul Roussel semblent lui donner raison et l'appellent Media-Villa ; dans la charte de Philippe le Bel, de 1305, dont nous aurons occasion de parler, on trouve le même nom.

La dénomination de Forêt des sept villes de Bleu existe toujours et s'applique aux territoires des communes qu'elle couvrait ; il en est question, pour la première fois, dans une sentence rendue, en 1280, par le baillage de Gisors. Déjà, à cette époque, la possession par les habitants des sept villes de Bleu excédait la mémoire d'homme et remontait au partage général de la Normandie, fait par Rollon à ses campagnons, au dixième siècle. Les rois Jean et Charles VI y sont venus chasser1. Elle fut bouleversée, déracinée et brûlée en l'année 1519 par un ouragan épouvantable mêlé de tonnerre et d'éclairs2. A la suite de cette espèce de cataclysme, chaque particulier défricha les parties qui se trouvaient à sa convenance et, peu à peu elle fut transformée en une foule de propriétés particulières qui passèrent dans le commerce.

Les habitans des diverses communes désignées sous le nom des Sept villes de Bleu étaient tenus d'une redevance annuelle de 32 livres 10 sous parisis au profit du roi. Cette redevance devait être payée le jeudi qui suivait le 6 janvier, entre deux soleils ; à défaut de paiement ce jour-là, elle était due au double, c'est-à-dire de 65 livres.

Le terrain qu'occupait la forêt fut l'objet de nombreux procès, qui commencèrent en 1520, entre le domaine royal, les seigneurs et les habitants, et qui ne se terminèrent qu'en l'an XII de la République, par la reconnaissance que fit le Gouvernement de tous les droits acquis aux habitants des communes.

Le premier seigneur de Mainneville dont l'histoire fasse mention est un sieur Gilles de Postel ; après lui vient Enguerrand de Marigny, favori de Philippe le Bel qui, en considération de ses services, lui accorda la faculté d'acheter, des habitants des Sept villes de Bleu, le droit de propriété qui leur avait été concédé auparavant, moyennant une rente de 32 livres 10 sous parisis. La charte qui constate cette autorisation, datée du mois de mars 1305, commence ainsi : « Philippus, Dei gratia, Franciœ rex, notum facimus universis tam prœsentibus quam futuris, quod nos, grati obtenti servitii quod dilectus et fidelis Ingeranus de Marigniaco, dominus de Media Villa, miles et cambellanus noster, etc. »

Par une autre charte de 1308, le roi fit don à son ministre des 32 livres 10 sous parisis que lui devaient annuellement les habitants des Sept villes de Bleu, et, en même temps, du fief de Saint-Denis-le-Ferment.

Lorsque Philippe mourut, Enguerrand de Marigny tomba en disgrâce, ses biens furent confisqués et attribués à Clémence de Hongrie, femme de Louis le Hutin3 ; à la mort de cette reine, ils passèrent à Humbert, dernier dauphin de Viennois, son neveu.

En 1340, Philippe de Valois permit à Jean de Marigny, évêque de Beauvais, et à Robert de Marigny, tous deux frères d'Enguerrand, de racheter les biens qui avaient été confisqués à la mort de ce dernier.

Le dauphin ratifia la vente que son mandataire avait faite aux deux frères, Jean et Robert de Marigny, et transigea avec eux au sujet de certaines réserves faites en son nom, aux termes d'un contrat, du 17 septembre 1343.

Jean et Robert de Marigny qui n'avaient point d'enfant, firent donation à Ides de Marigny, leur petite-nièce, et petite-fille d'Enguerrand, de tous les biens de son aïeul, aux termes de son contrat de mariage avec Jean de Melun, comte de Tancarville4, passé devant les notaires jurés au Châtelet de Paris, le 19 octobre 1348.

A la mort de la comtesse de Tancarville, à défaut d'enfant, sa succession fut dévolue à.ses deux cousins, Philippe d'Auxy et Raoul de Fécamp, qui procédèrent au partage, suivant un acte reçu par les notaires au Châtelet de Paris, le 21 juin 1395 ; le premier eut la terre d'Écouis, et le second celle de Mainneville et Longchamp.

Marie de Fécamp, fille de Raoul, épousa Guillaume de Gamaches, de la maison de Châtillon, dont elle eut Blanche de Gamache, dame de Mainneville et Marguerite de Châtillon, qui épousa Pierre de Roncherolles, baron d'Enqueville et de Pont-Saint-Pierre, vers 1460 ; Blanche de Gamaches épousa son parent, Jean de Châtillon, qui vécut peu de temps et dont elle n'eut pas d'enfants ; les deux sœurs jouissaient en commun de tous leurs biens, tous leurs aveux sont faits tantôt à l'une, tantôt à l'autre ; le tout fut réuni en la personne de Marguerite de Châtillon, femme de Pierre de Roncherolles ; leur fils, Louis de Roncherolles, leur succéda en 1519.

Pierre de Roncherolles avait fait tant d'actes de générosité et de charité, que le pape Paul II publia une bulle en son honneur, le premier mai 1470 ; elle porte : « Qu'en récompense de ses grandes charités et libéralités, il aura permission de faire célébrer la messe partout où il voudra et de faire porter un autel à sa suite.

Ce fut Louis de Roncherolles qui commença la série de procès, auxquels donna lieu la forêt des Sept villes de Bleu :il avait eu l'idée de s'approprier les arbres que la tempête venait d'arracher, mais les habitants et la maîtrise des eaux et forêts de Lions, au nom du roi, s'y opposèrent, et un arrêt du parlement de Rouen, du 14 février 1522, les attribua pour un tiers à chacun des réclamants.

Louis de Roncherolles fut marié trois fois. Il épousa en dernières noces, en 1527, Maguerite Guisencourt, et mourut en 1538.

La seigneurie de Mainneville passa ensuite à Philippe de Roncherolles, qui la conserva jusqu'à son décès arrivé en 1569. Son fils François de Roncherolles, seigneur de Mainneville, fut député aux Etats généraux de 1576, par la noblesse du baillage de Gisors ; il devint lieutenant général du duc de Mayenne, qui lui confia le gouvernement de Paris et de l'Ile-de-France. Ce fut un des fondateurs de la Ligue dans la capitale. En 1589, à la bataille de Senlis, il commandait sous les ordres du duc d'Aumale ; ce prince ayant pris honteusement la fuite, François de Roncherolles rallia l'armée et se fit tuer, en combattant, sur l'affût d'un canon.

Le lendemain, La Nouë qui commandait l'armée royale, parcourant le champ de bataille, montra aux seigneurs qui l'entouraient le lieu où Roncherolles avait succombé glorieusement : « Messieurs, leur dit-il, c'est là qu'est mort le brave Mainneville à la place du duc d'Aumale. »

Un autre Roncherolles, qui combattait aussi dans les rangs de la Ligue, fut tué à la bataille de Fontaine-Française, en 1595.

François de Roncherolles ne prenait plus le titre de seigneur d'Heuqueville et de Pont-Saint- Pierre, mais celui d'Hébécourt et de Saint-Denis-le-Ferment. Il eut pour successeur son fils, Pierre de Roncherolles.

Ce dernier obtint que la terre de Mainneville, qui n'était qu'un marquisat, fût érigée en baronnie ; et daus les lettres patentes qui lui furent délivrées au mois de février 1625, il y est qualifié de haut, moyen et bas justicier. Cette baronnie était composée des fiefs et arrière-fiefs de Vordes, Hébécourt, Heudicourt, Bouchevilliers, le Mesnil-sous-Vienne, etc.

Ces lettres furent frappées d'opposition, et ne furent pas enregistrées. Mainneville en fut donc réduit à rester marquisat.

Michel de Roncherolles, fils de Pierre, succéda à son père, en 1659. C'est un des seigneurs dont le souvenir est le plus cher aux habitants ; c'est lui « qui, par acte passé devant Pierre Maillard, tabellion juré et étably en la haute justice de Mainneville, le samedi onzième jour de juillet mil six cent soixante et seize, donna par forme de fondation perpétuelle en faveur des pauvres paroissiens de Mainneville, Lonchamp et Mesnil-sous-Vienne, le nombre de trois cent soixante-six boisseaux de blé à deux sols près du bon et du meilleur, à la mesure dudit lieu de Mainneville, pour être distribués, un boisseau par chacun jour de l'année, sçavoir cent cinquante boisseaux aux pauvres de Mainneville, plus trente livres pour moudre le blé et mille riblettes ( fagots ) pour cuire le pain. »

Ce même Michel de Roncherolles, n'ayant pas d'enfants, donna la terre de Mainneville à Claude de Roncherolles, de Pont-Saint-Pierre, son cousin, qui lui succéda en 1689 ; Claude de Roncherolles vendit sa seigneurie de Mainneville à Louis Benoît Dauvet, suivant acte passé devant Me Richard, notaire au Châtelet de Paris, le 4 février 1711.

La famille des Dauvet conserva la terre de Mainneville jusqu'en 1830, époque à laquelle le dernier marquis de ce nom commença à la vendre en détail, avec ses propriétés de Bouchevilliers, Hébécourt, Saint-Denis-le-Ferment, etc. Les de Dauvet portaient d'argent à trois barres de gueules ; sur la première était un lion de sable.

Le château primitif de Mainneville fut construit de 1180 à 1223. Il était entouré de fossés profonds alimentés par la Lévrière et défendu par de hautes murailles ; une des tours servait d'entrée à un vaste souterrain que l'on appelle encore aujourd'hui la Cave d'Enfer. Le roi Jean y vint, y demeura quelque temps ; il en partit pour aller, en 1357, s'emparer à Rouen de Charles le Mauvais.

Charles VI, roi de France, y séjourna aussi plus de six mois, dit-on ; il occupait ses loisirs à chasser dans la forêt de Bleu. Enfin Henri V, roi d'Angleterre, s'en empara, le détruisit en partie en 1419, après la prise de Gisors.

Lorsque les Anglais eurent été chassés de la Normandie, le vieux château fort fut un peu restauré par Pierre de Roncherolles, premier seigneur de Mainneville de ce nom, et ce fut un autre de Roncherolles, fils de François, qui le rasa et en construisit un autre de 1624 à 1630.

Ce dernier château fut lui-même démoli lorsque le marquis de Dauvet vendit ses propriétés ; l'acquéreur conserva seulement une galerie à arcades qui rappelle la Place Royale à Paris.

La paroisse de Mainneville était autrefois du diocèse de Rouen, de l'archidiaconé du Vexin normand, du doyenné, du baillage, de l'élection et de la vicomté de Lions.

Le seigneur avait droit de haute, basse et moyenne justice.

L'église est sous le vocable de saint Pierre et saint Paul ; le seigneur du lieu présentait à la cure ; il y avait dans le château une chapelle dédiée à saint Louis, dont la collation appartenait également au seigneur.

De 1790 à l'an IX de la République, Mainneville était chef-lieu d'un canton composé des communes de Mesnil-sous-Vienne, Bouchevilliars, Martagny, Amécourt, Sancourt, Hébécourt, Saint-Denis le Ferment, Longchamp, Heudicourt, Bosquentin, Lilly, Morgny, Bezu-la-Forêt et Fleury-la-Forêt.

Ce canton fut réuni, au commencement de l'an IX, à celui de Gisors, moins les sept dernières communes qui furent comprises dans les cantons de Lions et d'Etrépagny.

Le territoire de Mainneville est limité par Mesnil-sous-Vienne, Hébécourt, Sancourt, Amécourt et Bouchevilliers. Il a la forme d'un quadrilatère assez régulier, et il se trouve coupé en deux parties par une vallée assez profonde au fond de laquelle coule la Lévrière ; trois autres petites vallt es viennent s'embrancher sur la première, et se plongent dans la direction de l'est. Le chef-lieu, placé sur le penchant d'un coteau et au fond de la vallée, est très-bien bâti ; c'est un des plus jolis villages du canton, et c'est à cela sans doute qu'il doit de posséder le grand nombre de rentiers qui sont venus s'y fixer.

Les annexes sont : le Bout-d'en-bas, les Bultins, les Cailletots ( ancien souvenir des Celtes, d'après M. Potin de la Mairie ), Feularde, les Moules, le Rougeval, la Bonde et la chapelle Sainte-Geneviève où l'on se rend en pèlerinage tous les ans, le quatrième lundi après Pâques.

Mainneville comptait, en 1841, 543 habitants, 602 en 1851 ; le dernier dénombrement donne le chiffre de 573, soit une augmentation sur 1841 de 30, et une diminution de 29 sur 1851.

La population se compose d'un assez grand nombre de rentiers, d'artisans et commerçants ; cependant, la majeure partie se livre aux travaux de l'agriculture; 38 femmes sont occupées à la fabrication des gants, de la dentelle et des bottines.

Les habitants, sous le rapport de l'état civil et de l'âge, se divisent ainsi qu'il suit :

Enfants et célibataires des deux sexes 41.71 p. 100 Mariés des deux sexes 47.82 - Veufs et veuves 10.47 - Total... 100 »

Sous le rapport de l'âge, 27,52 pour 100 de la population n'a pas 15 ans ; 6,55 a de 15 à 20 ans ; 24,60 a de 20 à 40 ; 27,52 pour 100 a de 40 à 60 ; 13,93 pour 100 a de 60 à 80 ans ; enfin, 1,57 pour 100 dépasse 80 ans.

Il y a en moyenne, à Mainneville, une naissance naturelle sur 7,26 légitimes ; on compte 2,98 habitants par maison.

Si nous examinons la population au point de vue de l'instruction, nous trouvons :

Ne sachant ni lire ni écrire 33.51 p. 100 Sachant lire seulement 7.85 - Sachant lire et écrire 58.64 - Total... 100 »

Mainneville possède une maison d'école de garçons, une mairie, un halle, un presbytère, un lavoir public, un bureau de bienfaisance dont le revenu, formé en grande partie par la dotation du marquis Michel de Roncherolles, s'élève annuellement à 1 236 francs. Le local, dans lequel l'administration a installé l'école des filles, est loué par la commune.

Il y a un marché aux légumes tous les samedis et deux foires par an ; l'une, le premier samedi après le 24 juin, et l'autre le premier samedi après le 2 novembre ; cette dernière est appelée foire aux Harengs, en raison de la grande consommation qui s'en faisait autrefois ce jour-là.

La commune de Mainneville est chef-lieu de perception ; elle possède un bureau de poste et dépend de la recette des contributions indirectes d'Étrépagny ; elle est à 18 kilomètres de Gisors et 30 kilomètres des Andelys ; la contenance cadastrale du territoire est de 805 hectares; enfin, elle est traversée par les chemins de grande communication n° 3, et d'intérêt commun n° 2 et possède une étude de notaire, un médecin et un pharmacien.

270002 Histoire et géographie du département de l'Eure ( Page 186 )
Mainneville.

573 habitants, école, céréales, bois, prairies, usine à zinc, moulins à blé, briqueterie.

Ancienne possession d'Enguerrand de Marigny. Le roi Jean coucha au château de Mainneville, en allant à Rouen pour arrêter Charles le Mauvais. ( Voir partie historique. ) Le château actuel date de la fin du XVe siècle.