Sur l'Eure, 1 033 habitants, écoles, céréales, prairies, commerce important, fabrication de peignes en ivoire et de billes de billard, foires et marchés, chemin de fer d'Orléans à Rouen.
Ivry, qui paraît avoir une origine celtique, doit sa première illustration à l'importante forteresse dont les ruines s'aperçoivent encore à l'ouest du bourg. Elle fut bâtie à la fin du Xe siècle, par Aubrée, femme de Raoul, comte de Bayeux, qui tenait cette terre de Richard Ier, duc de Normandie, son frère utérin. « On raconte que cette femme fit trancher la tête de l'architecte Lanfred, dans la crainte qu'il n'en construisit une semblable pour quelques autres seigneurs. Mais Aubrée, ayant voulu chasser son mari de cette forteresse, éprouva le même sort ». ( Orderic Vital. )
Hugues, évêque de Bayeux et fils de Raoul, soutint, en 1030, un long siège contre le duc Robert. Trente années plus tard, Guillaume le Conquérant confia la garde de cette forteresse à Roger de Beaumont, qui fonda une abbaye de l'ordre de Saint-Benoît, au pied du château. En 1088, ce seigneur reçut Brionne, en échange d'Ivry, des mains de Robert Courte Heuze, qui donna cette seigneurie à Guillaume de Breteuil. Mais Ascelin Goël s'en rendit maître par ruse et livra la forteresse à Robert. Guillaume la racheta, mais bientôt après, fait prisonnier par Ascelin, il fut contraint de la céder à ce seigneur pour sa rançon. A peine eut-il recouvré sa liberté qu'il assiégea Ascelin. Celui-ci se défendit avec un grand courage, il brûla l'abbaye, l'église et un fort où l'ennemi s'était établi, et ne céda la place qu'aux efforts combinés de Guillaume et du duc de Normandie.
Louis le Gros s'en empara après plusieurs attaques infructueuses, et Louis le Jeune et Henri II eurent une entrevue en 1176. Dix-sept années plus tard, le roi de France, Philippe-Auguste, prit aussi cette forteresse qui était alors au pouvoir de Richard Cœur de Lion.
Pendant les guerres de Cent ans, en 1418, le général anglais Talbot emporta la ville, et contraignit la garnison du château à capituler. Cette place, reprise quelque temps après par les Français, fut de nouveau assiégée par Bedfort, en 1424, et resta entre les mains des Anglais jusqu'en 1449. Dunois s'en empara cette même année et fit démolir les fortifications.
L'abbaye d'Ivry et la ville furent pillées et saccagées pendant les guerres de religion.
Au XVe siècle, Ivry se composait de deux villes : la ville basse et la ville haute, bâtie sur le même plan que le château.
Ivry est surtout connu dans l'histoire par la bataille mémorable qu'Henri IV remporta sur les ligueurs, le 14 mars 1590. La veille, Mayenne avait concentré son armée, forte de 16 500 hommes, dans les environs d'Ivry. Après la bataille, les ligueurs en déroute se precipitèrent dans Ivry, mais Mayenne, ayant fait sauter le pont pour protéger sa retraite, un certain nombre de ses soldats élevèrent à la hâte des barricades dans les rues. Biron, lancé à leur poursuite, força les barricades, tua près de 500 hommes et s'empara d'un butin considerable.
Diane de Poitiers acheta Ivry en même temps qu'Anet, en 1553. A la fin du siècle, cette baronnie passa, sous le titre de comté, à la maison de Lorraine.
Ivry a été siége de haute justice et de doyenné.
L'abbaye, dont nous avons déjà parlé, possédait de nombreux bénéfices ; elle a eu 45 abbés jusqu'en 1789, parmi lesquels on remarque Philibert Delorme, le célèbre architecte du château d'Anet, Jacques de Poitiers, frère de Diane, et Philippe de Vendôme.
Non loin d'Ivry, sur un coteau, près du chemin de fer de Paris à Cherbourg, se trouvent les ruines pittoresques du vieux château de Guainville, dont on n'a pu jusqu'à présent fixer d'une manière précise la date de fondation. Il reste encore une tourelle, deux murs de fortifications, la moitié d'une porte et des fossés très-profonds. Une légende du pays rapporte que ce château était autrefois en communication avec celui d'Ivry, par un souterrain qui passait au-dessous de la rivière d'Eure.
Les ruines de Guainville appartiennent au territoire d'Eure-et-Loir, ainsi que les charmants villages de la Chaussée et de Nantilly, situés en face du bourg d'Ivry, sur la rive droite de l'Eure.
