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27000 Évreux : Sources

270002 Histoire et géographie du département de l'Eure ( Pages 213 à 217 )
Évreux.

10 950 habitants.

« Cette ville, la plus importante et la plus centrale du département de l'Eure, est aussi la plus ancienne de cette contrée. Chef-lieu de préfecture depuis la dislocation de l'organisation provinciale, ses titres de noblesse remontent jusqu'au époques les plus lointaines de l'histoire. Avant la naissance de Jésus-Christ, au temps de la conquête romaine, elle était la capitale d'une peuplade indépendante, les Aulerques Éburoviques, dont le nom se lit sur les monnaies gauloises d'une haute antiquité : César raconte sa résistance. A l'époque romaine, c'est un centre vers lequel convergent les grands chemins construits par le peuple conquérant. Lorsque l'Empire est envahi par les barbares, on entoure cette cité de murailles dont il reste encore de curieux vestiges, et dont les fondations sont formées de débris d'édifices antérieurs, de fragments de colonnes et d'entablements, arrachés sans doute à des temples, dans un moment de danger pressant. La cité d'Évreux fixa bientôt l'attention des premiers propagateurs du Christianisme ; vers le Ve siècle, saint Taurin y apporte le flambeau de la lumière nouvelle et devient le fondateur d'un évêché qui subsiste depuis bientôt quinze siècles. Sous les rois Mérovingiens, Évreux donne son nom à la contrée circonvoisine, le pagus Ebroicensis, ou pays d'Évrecin.

Plus tard, quand le système féodal éparpilla la souveraineté sur tous les points du territoire, Évreux, déjà centre d'un diocèse, devint le chef-lieu du gouvernement des comtes, dont les diverses dynasties ont joué un rôle remarquable au moyen âge. Puis, lorsque la féodalité vieillissante fit place aux agrandissements du pouvoir royal, Evreux ne resta pas dans l'oubli. Cette ville fut le siége de l'un des sept grands bailliages de Normandie, juridiction à coté de laquelle on plaça, à une époque plus rapprochée, un présidial et une élection.

Saccagée par les Normands, en 892, ruinée par Lothaire, roi de France, en 962, la ville d'Évreux eut, comme toutes les villes, pendant le moyen âge, de nombreux siéges à soutenir1.

Ligueurs en 1585, les bourgeois prirent le parti de la Fronde, en 1649, soutinrent un dernier siége qui traîna en longueur pendant un an. Enfin, en 1793, Buzot et quelques-uns des girondins proscrits par la Convention, organisèrent une tentative de résistance, où les habitants de cette cité se montrèrent moins valeureux que leurs aïeux des temps féodaux. Buzot, abandonné, se suicida dans un champ ( près Bordeaux ) et la Convention fit raser sa maison. ( Normandie illustrée. )

Évreux, agréablement situé dans la belle vallée de l'Iton, avait, avant la Révolution, 8 paroisses, sans compter celles de Saint-Germain de Navarre et les chapelles annexes de Saint- Michel et de la Madeleine. Il avait une abbaye d'hommes et une de femmes ; des dominicains, dont le couvent était fort monumental ; des cordeliers, des capucins, des ursulines, et d'autres établissements monastiques. L'église de l'Hôtel-Dieu, située près de la halle, était remarquable par son portail et sa belle tour. La plupart de ces monuments ont disparu dans les vingt-cinq premières années de ce siècle.

La ville d'Évreux renferme encore aujourd'hui des monuments dignes du plus haut intérêt, parmi lesquels nous signalons : 1° L'église cathédrale, l'un des chefs-d'œuvres de l'architecture religieuse. Commencée en 1030, achevée en 1076, brûlée en 1119, elle fut reconstruite par Henri Ier, roi d'Angleterre. Plus tard, ayant encore en à souffrir des guerres qui désolaient la contrée, des travaux de restaura· tlon et de réédiOcalion furent entrepris dans le chœur et dans quelques autres parties de son enceinte, vers le milieu du XIVe siècle. Le cardinal La Balue, évêque d'Évreux, restaura, de son côté, ce monument. C'est à lui que l'on doit la tour centrale ou Lanterne, la sacristie, la chapelle de la Vierge et le transept méridional.

Après lui, de 1475 à 1520, les travaux se continuèrent activement ; on fit les bas côtés de la nef et du chœur, ainsi que le magnifique portail du nord, dont les fines sculptures, conçues et exécutées avec un art infini, sont l'un des chefs-d'œuvre du style flamboyant.

La tour du midi fut édifiée en 1550 ; celle de l'ouest, commencée, dix ans plus tard, ne put être terminée qu'en 1636.

A une époque plus rapprochée de nous, à la fin du XVIIIe siècle et en 1825, on a restauré de nouveau ce superbe échantillon du style architectural de dix siècles, mais sa conservation, exige plus impérieusement que jamais une restauration à fond, dont la dépense peut être évaluée à un million. Cette cathédrale a 108 mètres de longueur et sa tour la plus élevée compte 81 mètres d'élévation.

Rosaces et vitraux historiques, d'une grande beauté.

2° Le palais épiscopal dont la reconstruction date de 1481.

3° Les restes de l'abbaye de Saint-Taurin, l'une des plus célèbres de la Normandie.

On croit qu'elle fut fondée au VIIe siècle ; Richard II la fit rebâtir en 1206. L'église, édifiée au XIIe siècle et reconstruite en partie au XVIe, renferme une chasse de saint Taurin, d'un travail très-précieux, qui date de 1255.

4° La tour de l'Horloge, construction élégante et hardie de la fin du XVe siècle.

5° Les vestiges d'une enceinte du Ve siècle.

6° Les restes de l'ancien château fort d'Évreux, bâti vers le Xe siècle, démoli et reconstruit plusieurs fois jusqu'en 1652, époque à la quelle on le remplaça par l'hôtel de ville actuel qui devint l'une des résidences des ducs de Bouillon. Le donjon de ce château, dont les fortifications étaient considérables, se trouvait situé sur l'emplacement de la tour de l'Horloge.

Près d'Évreux, à Saint-Germain de Navarre, au milieu de la prairie baignée par les eaux limpides de l'Iton, s'élevait jadis un magnifique château dont rien ne saurait aujourd'hui rendre l'attrait et la poésie.

Bâti, en 1330, par Jeanne de Navarre, reconstruit en 1686 par le duc de Bouillon, sur le modèle de Marly et d'après les plans du célèbre architecte Mansard, ce château se composait d'un bâtiment de forme carrée et symétrique, entouré d'une belle terrasse de deux mètres d'élévation. Quatre entrées y donnaient accès. L'intérieur était d'une richesse princière ; on pénétrait d'abord dans les vestibules pavés en marbre et soutenus par des colonnes, et, de là, dans un vaste salon, décoré avec le plus grand luxe, où la vue se reposait délicieusement sur des bustes antiques et d'autres objets d'art.

A l'extérieur, des jardins dessinés par Le Nôtre, se prolongeaient mystérieusement à travers les grands arbres qui répandaient l'ombre et la fraîcheur sur le dédale des avenues, tandis que les eaux de l'Iton, se jouant au milieu des massifs, formaient çà et là de petits lacs et des cascades, dont les eaux murmurantes tombaient en perles fines sur le sable des grottes.

Cette splendide demeure, à laquelle tant de souvenirs gracieux restent attachés, qui servit d'asile, en 1810, à l'impératrice Joséphine, a péri sous le souffre fiévreux de la spéculation. Aujourd'hui, à la place du château, démoli en 1836, on aperçoit une humble colonne commémorative, s'élevant à peine au-dessus de la prairie, qui recouvre d'une vaste nappe de verdure tout ce que le génie des hommes avait édifié sur ce sol illustré par six siècles de grandeur et de faste royal.

On remarque encore à Évreux, l'hôtel de la préfecture, occupant une situation charmante au milieu d'un jardin spacieux et gazonné, planté de massifs et de beaux arbres ; l'hôtel de ville, ancienne résidence des ducs de Bouillon ; la cour d'assises et la prison : les anciennes abbayes transformées en casernes d'infanterie et de cavalerie ; la chapelle antique des frères de Charité ; quelques maisons en bois devenues très-rares ; deux ou trois jolies rues ; le boulevard Saint-Jean ; de belles avenues d'ormes longées par deux bras de l'Iton, dont l'un deux est connu sous le nom de canal de la reine Jeanne ; et enfin le Jardin des plantes, l'une des promenades les plus agréables et les mieux fréquentées de la ville.

Évreux renferme, comme institutions publiques ou privées : un lycée florissant, une école normale, deux séminaires, une école professionnelle richement installée, neuf écoles publiques gratuites de garçons et de filles, une école et trois pensionnats libres de filles, deux salles d'asile, une Société libre d'agriculture, sciences, arts et belles lettres, une bibliothèque publique et une bibliothèque religieuse, une compagnie de sapeurs-pompiers, une musique municipale, un orphéon, un musée d'antiquités, des collections d'histoire naturelle et de géologie, des imprimeries et lithographies, trois journaux politiques, des libraires, des établissements de bienfaisance, une Société de secours mutuels, etc., etc.

Au point de vue commercial et industriel, cette ville occupe un rang distingué. On y trouve des fabriques de coutils, renommées par la qualité et la beauté de leurs produits, des fabriques de bas et de bonnets, des teintureries, des tanneries, des blanchisseries, de grandes usines pour le laminage du cuivre, pour la fabrication des dés à coudre, pour le moulage de la fonte et le coulage des boulets de canon, une distillerie, une papeterie, des scieries mécaniques, des moulins à blé, des chamoiseries et taillanderies, etc., etc.

Les principales foires, comme celles du 11 août et du 6 décembre, sont généralement bonnes.

Forts marchés le mardi et le samedi. Halle.

Nota. - Évreux occupant une position éminemment favorable à l'industrie, tout peut et doit faire espérer un avenir brillant à cette ville, si elle sait user de ses avantages et entrer franchement dans la voie qui est ouverte devant elle.