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27660 Bézu-Saint-Éloi : Sources

270001 Gisors et son canton ( Eure ) Statistiques. Histoire ( Pages 179 à 185 )
Bézu-Saint-Eloi

Bézu-Saint-Eloi a pour limites : au nord, Saint-Denis-le-Ferment et Heudicourt ; au sud, Bernouville ; à l'est, Gisors, Neaufles, et à l'ouest, Etrépagny.

Cette commune, qui est une des plus riches et des mieux bâties du canton, en formait autrefois deux qui ont été réunies en 1845.

Le territoire, généralement plat vers l'ouest, est traversé, à l'est, par trois vallons qui courent du nord au sud et viennent aboutir à la vallée dans laquelle coule la Bonde. La Lévrière est encaissée dans un autre vallon, où se trouve la section de Saint-Eloi.

Le chef-lieu est très-rapproché de la limite de son territoire, du côté de Gisors; il est bâti à cheval sur la route impériale n° 24 bis, et n'a qu'une seule rue qui emprunte cette route sur plus d'un kilomètre. Ses dépendances sont Marquebœuf, le Mesnil-Guilbert, le Prieuré, Moligniaux, les Fontaines et le Vert-Buisson, deux villages, une ferme et trois habitations isolées.

La Bonde et la Lévrière traversent son territoire et font mouvoir deux moulins à blé et un tissage de fil.

Bézu, avant l'annexion de Saint-Éloi, avait reçu l'épithète de le Long ; Saint-Éloi portait le nom de Bézu-Saint-Éloi ; dans le pouillé d'Eudes Rigaud, il est nommé Besiu, Blesu-le-Lonc dans celui de Raoul Roussel ; enfin il est appelé Besu dans le Registrum visitationum de l'année 1429 ; mais, dans d'autres titres des treizième et quatorzième siècles, il est toujoms désigné sous le nom de Bézu par un z.

Il tire son nom ou de bez, sépulcre, beziou au pluriel, des sépulcres, lieu de sépultme, ou de bezou, bezo, bouleau, lieu entouré de bouleaux.

Son origine est fort ancienne ; à la fin du septième siècle, il appartenait à l'abbaye de Saint-Denis. Une charte de Clovis III, datée de Chatou, désigne Bézu-le-Long sous le nom de Bacivum superius, et Bézu-Saint-Éloi sous celui de Bacivum inferius, dénomination résultant de leur situation topographique, l'un étant situé sur la colline et l'autre dans la vallée. Une autre charte de Pépin, de 750, contient ce passage : « Similiter in pago Velcassino Bacivo superiore et inferiore. »

Certains antiquaires ont prétendu que Bacivum superius désignait Bézu-la-Forêt et Bacivum inferius Bézu-le-Long ; mais, suivant nous, c'est une erreur, les deux pays étant à une distance de 8 kilomètres, et l'un n'étant en rien supérieur à l'autre, pas même par sa situation sur la Lévrière, comme on l'a prétendu, Bézu-le-Long n'étant pas du tout situé sur les bords de cette rivière.

Au huitième siècle, Bézu appartenait à saint Benigne, abbé de Fontenelle, qui donna Bézu à son monastère. Le titre qui a conservé le souvenir de cette donation appelle ce lieu Bisagum.

Peu de temps après, Bézu-le-Long, redevint la propriété de l'abbaye de Saint-Denis, car Pépin d'Héristal lui confirma ce village dans une charte qui lui donne le nom de Bacivurm.

Dès le onzième siècle, les moulins de Bézu avaient une certaine importance, puisqu'après la mort de Hugues de Gisors, fils de Payen de Neaufles, sa veuve Mathilde, ayant conduit ses restes à Saint-Martin de Pontoise pour y être inhumés, donna, avant la cérémonie, à l'abbaye, la dîme de la mouture de ses moulins de Gisors et la dîme des moulins de Bézu.

Sur la fin du douzième siècle, l'abbaye de la Croix-Saint-Leufroy possédait plusieurs fiefs à Bézu ; on les trouve désignés dans une bulle, publiée en 1181, par le pape Lucius III, pour confirmer ce monastère dans la possession de l'église de Saint-Remy de Bézu-le-Long (de Bezuto longo) avec la chapelle du prieuré et l'église de Saint-Eloi de Bézu.

C'est la première fois que l'on voit ce village nommé Bézu-le-Long.

Vers la même époque, Thibaut de Gisors confirma à l'abbaye de Saint-Martin les donations qui lui avaient été faites, entre autres : « Decimam molindinorum de Gisortio et Bezuto. »

A l'occasion de l'énumération de ses propriétés de Normandie, Jean de Gisors, dans un aveu rendu au roi au commencement du treizième siècle, s'exprime ainsi : « Item in Wilgasino Normanico Besiu, cum pertinentiis in bosco et plano et oninibus aliis rebus... et maritagium uxoris Philippi de Blarrn et id quod habet apud molendinum Bencelin et id quod habet apud Sanctum-Elegium. »

Hugues de Gisors, fils de Jean, confirma, en 1218, les donations faites par ses ancêtres au monastère de Saint-Martin de Pontoise.

La dîme des moulins de Bézu et de Gisors donna lieu, entre les seigneurs de Gisors et les religieux de Saint-Martin, à un procès qui dura plus de deux cents ans et fut tranché, au profit de l'abbaye, par arrêt de l'échiquier de Normandie, en date de 1488.

Jehan de Ferrières, seigneur de Gisors, fit, en 1408, l'aveu au roi de ses fiefs ; cette pièce, déposée aux archives du royaume, est tellement curieuse que nous la reproduisons presqu'en entier :

« Du Roy notre sire, je Jehan, sire de Ferrières, confesse et aveue à tenir ung noble fief de haubert, nommé le fief de Bésu-le-Long, dont le chef sied en la paroisse du dict lieu de Besu en la viconté de Gisors et s'estend en plusieurs paroisses en la dicte viconté. C'est assavoir, en la paroisse de Saint-Eloy de Besu, Neaufles, Bernouville etc.. et es parties d'illecques environ, si comme il se comporte et extend :

Ou quel noble fief a deux manoirs assiz en la dite paroisse de Besu et jardins a iceulx appartenans, et le premier manoir vault quarante solz, ou environ, et le second vault avec les jardins quarante solz ou environ.

Item j'ai deux molins ; l'un assiz à Saint-Eloi de Besu vault par an X livres, et l'autre, assiz à Bezu, nommé le Grant Molin, ne vault par an que la charge qui en est faite, par chacun an, au seigneur de Frynel. Item j'ai une pescherie, assise, près d'icelui Grant Molin, vault X livres ou environ ; item j'ai four à ban, assiz en la dicte ville de Bezu lequel vault XL solz, par an, ou environ. tem les viviers du dict lieu de Besu ne valent à présent que cinquante solz ou environ et sont en ruine ; item j'ai colombier à pie à la dicte ville de Besu, vault quarante solz ou environ. Item j'ai plusieurs bois en plusieurs pièces dont il y a IICLX acres en une pièce à tiers et dangier deu au Roy notre dict Sire... Item une autre pièce de bois, nommée le Grant Parquet contenant huit acres ou environ, à tiers et dangier deu au Roy notre dict Sire, et le demourant d'iceulz bois est en une pièce nommée le Petit Parquet contenant deux acres et demie ou environ, ne doit tiers ni dangier , et. de tous iceulz bois on peut bien faire vente par an, de quinze acres dont chacun acre peut bien valoir XL solz ou environ. Item j'ai aseuraige des vins sur mes hommes de Besu toutes foiz qu'ils vendent taverne, c'est assavoir deux potz de vin audessuz de la barre et deux potz audessoubz, valent à présent X solz ou environ. Item j'ai les issues de la ville de Besu vallant X solz ; item j'ai les fenestraiges dessus mes hommes en la dicte ville de Besu toutes foiz qu'ils vendent pain ou autres denrées, doivent chacun un denier, vault par an III solz ou environ, item le rouaige des vins, vault XXX solz ou environ.

Item ensuivant les rentes qui me sont dues : premièrement au terme de Saint-Remi, en deniers XL liv. ou environ ; item, au terme de la Toussains, une livre de poivre, deux boisseaux oignons à la mesure de Gisors ; item chinq oues, huit potz de vin, XXIII gastellez ; item en argent sec deu au dict terme de Toussains XV sols, item au dict terme avoines deues tant de rentes comme de pasturaiges au dict lieu de Saint-Eloi à Bezu... Item au Mesnil-Guillebert pour les coustumes du dict lieu, dont chacun hoste paie demie mine d'avoine, valant pour le présent huit mines ; item au terme de Noël, les blez deuz de moulte au dict lieu de Besu, Saint-Eloi, Neaufles et Gamaches valent XLIIII mines de blé, mesure d'Estrepaigny ; item les moultes et boiselles de Saincte-Marie des Champs, que tient Ancel de Domesnil, escuier, à rente valent X livres, mesure du dict lieu d'Estrépaigny. Item le terme de Pasques en argent sec vaut XXVII sols ou environ. Item huit potz de vin, le tiers d'un aignel et une journée d'un homme en mars. Item au dit terme II oefz. Item j'ay corvées de chevaulx IIII foiz l'an de mes hommes resseans au dit lieu de Bezu, Bernouville et aussi ay semblablement corvées de tous ceux qui ont bestes alans en la prairie de Chauvincourt : c'est assavoir es paroisses de Provemont du dit lieu de Chauvincourt, Neufville et Beaumont le Perreux quatre foiz l'an comme dessus est dit. Item j'ai LX acres de terre labourable assises en la dite paroisse de Besu. Item XIII arpens de terre prez ou environ assiz en la prairie de Bernouville.

Item fay le droit de donner le patronnage de l'église de Saint-Eloy de Besu, lequel est alternatif entre noble et puissant seigneur, Mon seigneur le comte de Tancarville et moy ; item j'ay le droit ou puis donner les escoles du dit lieu de Besu toutes foiz que le cas s'offre.

Item avecques ce ay en mon dit fief, court et u... e, Yentes, reliefz et toutes telles droictures connues à fief de haubert peut et doit appartenir selon la coustume de Normandie et à cause d'icelui fief sont tenuz de moi, les nobles fiefz qui ensuivent : ... ung fief de haubert que tient de moy par hommaige Guillaume le Verront, escuier, comme il se comporte et estend, assis à Gamaches, Marconville, la Mare au Toul et le Mesnil-Guillebert et esparties d'illecques environ, auquel fief à court et usaige en basse justice. Item ung huitième de fief de plaines armes, assis à Saint-Eloy de Besu que tient de ·moy par hommaige, Robillard de Dangou, escuier, et d'icelui fief la court et cognaissance des hommes réséans et demeurans m'appartient en ma cour de Besu. Item ung quart de fief nommé le fief de Frynel, assis en icelle paroisse de Besu que tient de moy par hommaige Jehan Delestre.

Item une autre vavassourie que tient de moy par hommaige Robin et Jehan dit les Leups, ungs blans gans du pris de XII de niers parisis, au terme de la Sainct-Rémy et n'ay la court et usaige de tous les hommes d'icelle vavassourie en ma court de Besu, toutefoiz que mestier est. Item ung fief nommé le fieu Boquet, assiz en la paroisse de Neaufle que tiennent de moy Robillard de Dangu et Philippe de Robbes, escuiers, dont ilz me sont tenus de faire rente, par an VIII sols de rente, au terme de Sainct-Rémy et trois cappons au terme de Noël, lequel fief de Bezu le Long messire Pierre d'Amffreville chevalier et Marguerite d'Aunou sa femme, seigneur et dame du dit lieu de Besu le Long tiennent de moy par paraige de ligne, duquel fief je suy tenu faire au roy notre dit sire, foy et hommaige avecques les deubz et devoirs appartenant à hommaige ; en tesmoing de ce j'ay mis à ce présent adveu mon propre scel. Ce fut fait le XV jour de juillet, l'an de grâce mil CCCC et hui.

Le sieur Jehan Delestre dénommé dans l'aveu que nous venons de reproduire, avait droit de prendre et avoir en la forêt de Lions à cause de son hôtel de Frynel, assis en paroisse de Bézu le Long, du bois pour brûler et pour construire et le franc passage et pâturage pour ses bêtes, sous la condition que ses bêtes retourneraient chaque jour au gîte dudit hôtel.

Dans le dénombrement des biens de l'abbaye de la Croix-Saint-Leufroy, fait en 1526, l'abbé Jean de la Motte reconnaît tenir du roi « ung hôtel dit prieuré avec ses appartenances quelconques, en la paroisse de Saint-Rémy de Bésu le Long avec le patronnage de la dicte église. Item ung noble fief à plaines armes sans court et sans usage avec toutes ses appartenances, dépendant dudit hôtel prieuré etc. »

La fille de Pierre de Ferrières, seigneur de Bézu, épousa, au commencement du seizième siècle, Claude de Montmorency, conseiller, maître d'hôtel de François Ier, et lieutenant général de la Marine.

En 1564, le chevalier d'Aubourg était seigneur de Bézu et Saint-Eloi.

La terre de Bézu a suivi le sort de la seigneurie de Gisors dont elle dépendait. Au moment de la révolution de 1789, le couvent des Annonciades de Gisors possédait à Bézu des propriétés assez considérables qui ont été vendues comme biens nationaux.

On voit encore à Bézu les restes d'une tour, à laquelle la tradition donne le nom de : Tour de la Reine Blanche1.

C'était autrefois une paroisse du diocèse de Rouen, de l'archidiaconé du Vexin normand, du doyenné de Gisors, soumise au baillage et à l'élection de cette ville.

L'église, qui est sous le vocable de Saint-Remy, est fort ancienne ; le clocher et quelques autres parties appartiennent au style roman du douzième siècle. L'abbaye de la Croix-Saint-Leufroy a présenté à la cure pendant un temps, ensuite ce droit est passé au seigneur du plein fief qui présentait à la représentation du duc de Longueville.

Il y avait un prieuré sous le nom de Saint-Remy, qui n'était plus, au moment de la Révolution, qu'un simple bénéfice à la collation de l'abbé de la Croix-Saint-Leufroy.

Saint-Eloi, qui a été annexé à Bézu, doit son nom à la grande vénération des habitants de la contrée pour le ministre de Dagobert qui résidait souvent à Etrépagny, auprès de ce monarque.

Ce village portait dans l'origine le nom de Bacivum inferius, auquel on a substitué celui de Saint-Eloi, après la canonisation de ce saint. Le pouillé de Raoul Roussel lui donne le nom de Sanctus Eligius de Besuco. Son église, qui a été détruite sous la Révolution, était sous l'invocation de saint Eloi ; c'était une cure du diocèse de Rouen, de 1'archidiaconé de Vexin normand, du doyenné de Gisors, de la vicomté, du baillage et de l'élection de cette ville.

La population de Bézu et celle de Saint-Eloi était de 880 habitants en 1841 ; d'après le dernier dénombrement, elle était réduite à 734, soit une diminution de 16,59 pour 100.

En examinant la population sous le rapport de l'instruction, nous avons constaté que 33 pour 100 des habitants ne savent ni lire ni écrire. La commune possède un presbytère, une école de garçons, une école de filles et seize hectares de prés et pâtures d'un revenu insignifiant, indépendamment d'une Mairie qui se trouve dans la maison de l'école des garçons.

Le territoire, d'après le cadastre, a une contenance de 1114 hect. composés de 837 hect. 66 a. 33 cent. de terre labourable ; 27 hect. 76 a. 82 cent. de prés et pâtures ; 222 hect. 09 a. 61 cent. de bois ; 14 hect. 90 a. 79 cent. de jardins ; 8 hect. de cours et sols ; 3 hect. 83 a. 09 cent. de friches, marais, oseraies, etc.

Enfin, Bézu-Saint-Eloi dépend de la perception, du bureau de poste et du bureau des contributions indirectes de Gisors, qui est aussi son marché le plus rapproché et dont il est éloigné de 6 kilomètres.

Il s'agit de la reine Blanche d'Evreux, veuve de Philippe de Valois, qui s'était retirée à Neaufles, à la mort de son mari, et qui possédait les terres de Bezu et de Neaufles.

270002 Histoire et géographie du département de l'Eure ( Page 185 )
Bézu-Saint-Éloi.

734 habitants, écoles, céréales, filature de coton, briqueterie.

Église romane du XIIe siècle. Ruines d'une tour appelée Tour de la reine Blanche.